Grégory Duveau | 20.09.1983
J'ai grandi dans l'Hérault, dans un milieu où la musique était plutôt absente. Pas de musicien dans la famille proche, pas de disque ni de mélomane à la maison.
On commence par du metal
J'ai commencé la musique vers l'âge de 18 ans, et c'est avec une guitare électrique entre les mains que j'ai fait mes premiers pas, grâce à mon pote Seb Leroux. Mon rêve ? Rejouer mes morceaux préférés de Metallica, Gojira, Slayer, Death, Morbid Angel... Avec ma première Ibanez enfin entre les mains, j'ai mis un terme à des années de Air Guitar (tu sais ? c'est quand on fait semblant de jouer de la guitare...).
Je suis entièrement autodidacte, et je n'ose pas demander à mes parents de me payer des cours. Et personne dans mon entourage ne joue de musique.
Mes progrès sont donc assez lents, il n'y a pas Youtube et ses tutos.
C'est vers l'âge de 21 ans que je commence à vouloir chanter en m'accompagnant à la guitare: Brassens au début, puis Sublime, Pixies, et encore Sublime.
Une expérience traumatisante
Je m'équipe d'un enregistreur, et là... c'est la catastrophe ! Entendre ma voix est une expérience traumatisante!
Mais l'envie de jouer et de chanter est plus forte. Alors je m'accroche. Je m'équipe de mon premier enregistreur multipiste, et si les musiciens ne viennent pas à moi, qu'à cela ne tienne !
Je vais jouer moi-même toutes les parties. Je me mets donc à la batterie, et j'enregistre ma première maquette où je joue tous les instruments. Huit morceaux de fusion reggae hip-hop punk.
Puis j'entame des études de... fromager. Et c'est à Besançon que ma trajectoire musicale va être bouleversée.
Une découverte inattendue
Je découvre par le plus grands des hasards un disque à la médiathèque de Besançon. Et ce disque ce n'est rien d'autre que ''Es lo titre'' de Lo Cor de la Plana.
Ces voix masculines, polyphoniques, accompagnées par ce torrent de percussions méditerranéennes me subjugue, me terrasse, me transforme.
Je découvre le monde des polyphonies, et plus largement celui des musiques traditionnelles.
A partir de cet instant, l'enregistreur multipiste tourne non stop et je reproduis mes titres préférés de Vox Bigerri, Tres a Cantar, A Filetta, La Malcoiffée, Familha Artus, Lo Cor de la Plana évidemment. Je me suis encore débrouillé pour trouver une discipline où je suis assez seul (j'habite à la campagne, et ce n'est pas la campagne béarnaise et ses cantèras). Même philosophie: pas de chanteurs autour de moi ? je vais me charger de faire mes voix moi-même. Et les percussions aussi. J'apprends par mimétisme. Tambourin italien pour la pizzica, bendir pour le reste. Je passe des heures avec un casque sur la tête et un micro devant la bouche. J'apprends. J'écoute. Je corrige. Je suis à l'affût de chaque défaut, que j'essaie d'effacer. Je fais mon chemin de musicien.
Puis je rencontre Carine Joanny avec qui je partagerai cette passion de la polyphonie. J'ai 24 ans. Carine chante fort, je dois donc envoyer du bois pour exister. C'est une école. Athlétique. Formatrice. Je crée nos arrangements pour deux voix de nos titres préférés, et le chemin continue, la passion de la polyphonie est dévorante.
Professionnalisation
Je rencontre ensuite Mathieu Rossi et David Sévérac avec qui nous fondons le trio VAGAREM, qui existe toujours. C'est à ce moment là que je me professionnalise, je deviens intermittent du spectacle, et avec VAGAREM, nous écumons les fêtes médiévales dans toute la France. Dans notre trio, je suis percussionniste, et j'apporte les polyphonies vocales en formant mes deux acolytes. J'apprends beaucoup aux côté de mes deux compagnons de route. Nous faisons tout nous-même, des costumes aux disques, du démarchage au site web.
Le groupe CHANTS SACRES GITANS EN PROVENCE me contacte, il cherche un chanteur provençal en remplacement de Jean-Luc Di Fraya, qui part jouer chez Haduk Jazz Trio . Je quitte VAGAREM pour me consacrer pleinement à ce groupe exigeant, qui mélange musiques méditerranéennes d'Algérie, de Provence, d'Andalousie. Je joue aux côté de Gil Aniorte Paz, des gitans Tchoune Tchanelas, Florencia Deleria, Pepe Fernandez, Paco Carmona, du corse Martial Paoli, et du producteur Philippe Thévenet. Nous tournons pendant 4 ans, dans toute la France ainsi que dans quelques festivals prestigieux (Festival International de Musique Sacrée de Fez au Maroc, Musica Sacra Allemagne/Hollande/Belgique). Auprès de ces personnes, je continue d'apprendre le métier.
Puis c'est l'accident
En 2016, ma voix lâche. Surmenage, malmenage, le chant polyphonique en rue avec VAGAREM et les chants athlétiques et hauts des gitans ont eu raison de mes cordes vocales.
Je suis contraint de sortir du circuit professionnel. Période pas facile, et dont je garde toujours les sequelles vocales.
transmettre(,) une passion
Petit flashback.
Dès 2012, pendant la période VAGAREM, je lance des ateliers de chants polyphoniques dans le Lot où je viens d'emménager.
Tout de suite, la formule plaît. Les gens se rassemblent et me manifestent leur plaisir à chanter ces polyphonies traditionnelles.
Le volet pédagogique me plaît beaucoup, j'adore transmettre, j'adore l'enthousiasme des amateurs qui en redemandent tout le temps, et qui chantent à la moindre occasion. J'aime l'ambiance de ces ateliers, et j'aime cette discipline, le chant polyphonique, qui défend des valeurs essentielles à mon sens. Chanter ensemble et mélanger les individus pour ne faire qu'un, ne pas chanter plus fort que les autres, porter les plus fragiles, donner un lieu aux gens pour s'exprimer, faire sortir les tensions, les joies, les émotions, chanter dans des langues imprononçables, vivre une expérience scénique en groupe, en se dépassant. Plusieurs projets voient le jour et nous écumons le Lot sous diverses appellations, elles aussi imprononçables (Tribu Hypolaïs, Tribu Cantecorn, Tribu Nadalik, Calis Mabrüca, Panderovox, dernière formation en date).
Je deviens chef de choeur professionnel en 2015.
L'esprit du pandero cuadrado vient à moi
Puis, une rencontre de l'époque des fêtes médiévales avec VAGAREM resurgit. Il s'agit de Carlos Herrero (El Nàan), qui deviendra mon maître de percussion et de chant ibérique. Je découvre et j'apprends avec lui ces rythmes et ces chants castillans. Il me fabrique et m'offre mon premier pandero cuadrado. Je découvre les chants ibériques avec leur mode phrygien qui n'est pas sans évoquer certains traits du metal. Je découvre les panaderas, les jotas, le charro, et surtout le pandero cuadrado, véritable coup de coeur.
En 2018, j'ajoute la dernière pièce qui manquait à mon édifice polyphonique.
La percussion dans les polyphonies
Panderovox est né, en référence au pandero carré ibérique, instrument phare de cette nouvelle chorale bizarre, comme je l'appelle souvent. Et en référence à la voix.
Panderovox, c'est la recette concoctée pendant des années, patinée par les rencontres et le temps.
Les chants polyphoniques sont désormais accompagnés d'une section de percussions méditerranéennes. 30 chanteurs amateurs, 10 percussionnistes amateurs. Et en avant !
Nous enregistrons un disque 6 titres, actuellement disponible ici sur la plateforme Bandcamp.
Projet en cours
Un des projets en cours, c'est Ail et Gingembre. Géraldine et moi-même structurons notre activité après 3 ans et une dizaine de stages percussion et polyphonie proposés.
Nous voulons continuer à proposer des stages sur ce format, qui plaît beaucoup. Nous avons aussi fait le choix de privilégier les musicien.nes averti.es, car ces rythmes sont exigeants, les instruments pas faciles, et les propositions sont peu nombreuses en France sur ces discipline associées : percussion et polyphonie.
Avec les vidéos mises en lignes et les dizaines de tutos, nos rendons accessible en le rassemblant sur une même interface un bien qui appartient à l'humanité: des rythmes, des rythmes et encore des rythmes.
Autre projet en cours, je suis en pleine création d'un concert solo sur des ballades traditionnelles des pays de France.
Pour conclure cette (longue) bio
Je dirais que je suis un musicien polyvalent, avec un net penchant pour la vocalité. Je ne suis pas un virtuose, d'aucun instrument, loin de là.
Mon rêve d'artiste aujourd'hui ?
Je rêve de jouer devant de très petites jauges, devant un public concerné, en acoustique, sans larsen, sans balances interminables, et en hyper local (marre des tournées éprouvantes et de la pollution qu'elles générent). D'où ce projet solo.
Et je rêve aussi d'un groupe de metal car cette passion ne m'a pas quittée. Mais c'est très bruyant...
Je suis tombé amoureux de cette musique acoustique, de ces timbres naturels, que ce soit des voix ou des percussions.
Et j'adore la transmettre, car c'est l'occasion de la jouer avec d'autres musiciens.
Au plaisir de vous rencontrer pour partager ma passion !