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Percussionniste ou "persécu"ssionniste

Ail & Gingembre
Publié par · 1 Avril 2022
 
La frontière est parfois mince, entre la percussion et la persécution !!
Ce petit jeu de mot cache une réalité essentielle : jouer de la percussion ne donne pas tous les droits !
Les Fatals Picards ont écrit une chanson ("Djembéman'') assez explicite sur le phénomène « j’ai une percussion entre les mains et je casse les oreilles à tout le monde... ». Mais inutile de stigmatiser les joueurs de djembé, j’en ai croisés d’autres, de ces musiciens, qui nous massacrent les oreilles.
La percussion, un instrument démocratique
Contrairement au violon, à la vielle à roue, à la batterie ou au saxophone barython (on pourrait continuer cette liste), les percussions légères sont peu couteuses et donc démocratiques. Djembés, tambourins, pandeiros, tambours sur cadre en général, cajones… ils sont également facilement transportables, et on peut donc en jouer dans toutes les occasions.
Un peu de politesse dans ce monde de brute
Pour avoir beaucoup joué avec mes petites percussions, je remarque que peu importe notre niveau technique avec notre instrument, nous ne sommes pas toujours les bienvenus dans le cercle. Lorsque des gens sont en train de jouer et que vous arrivez dans un cercle, un bœuf ou tout autre situtation où des musiciens sont déjà en place, je pense qu’un peu de politesse s’impose. Arriver brutalement avec sa pandereta hyper sonore dans un petit bœuf où 3 nanas chantent une polyphonie suave et délicate, je pense que ça ne peut pas bien se passer. Il y a aussi des groupes de gens qui jouent ensemble, ils ont leur routine, leurs repères, et n’aiment pas être dérangés, ou bousculés, par un « étranger » qui débarque avec sa percussion. Alors un peu d’observation s’impose. Restez et observer ce qui se passe, laissez quelques morceaux se dérouler et essayer d’observer les mécaniques sociales en jeu: qui mène ? Qui dirige (il y a toujours une personne un peu leader)? Quel est le niveau global des musiciens ? Quel est le contexte de ce rassemblement? Cela, aussi, fait partie de l’écoute dont le musicien doit être capable. L’écoute ne se cantonne pas l’écoute musicale. Elle s’élargit à l’écoute de ce qui se vit, ici et maintenant. Et avec une écoute de qualité, on va savoir si l’on peut sortir sa pandereta, ou si l’on va la garder au chaud dans sa housse. La musique est une école de vie, qui peut nous enseigner à avoir une vraie qualité d’écoute. Une écoute élargie à toutes les situations de la vie qutidienne. Vous aurez donc parfois mieux agi en laissant votre instrument rangé, et vous aurez progressé 100 fois plus en musique en acceptant juste que vous n’allez pas jouer là, tout de suite. La personne qui a compris cela, a toutes les chances de devenir un musicien avec qui les gens ont beaucoup de plaisir à jouer.
On n’est pas payés à la note !
Admettons que vous ayez ressenti que l’opportunité de vous intégrer à un cercle de jeu soit la bonne. Restez vigilant.e, et écoutez ! Si vous n’êtes pas sûr.e de vous, laissez quelques tours passer pour repérer la signature rythmique, repérer les endroits spéciaux (un break, un pont, une répétition de phrase, un changement de rythme, de mode…). Profitez de ce temps pour chanter dans votre tête ce que vous allez jouer.
Lorsque vous arrivez, essayez d’arriver sur un début de section pour ne pas déstabiliser les musiciens ou la musique. Et autant que faire se peut, essayez d’arriver proprement. En place. Cela rassura les autres (une arrivée manquée peut générer une gène, et une frustration, voire un agacement...). Et lorsque vous êtes entré.e dans la danse, vous n’êtes pas tenu.e de jouer tout le temps, jusqu’à ce que la mort vous cueille ! Certains percussionnistes ont cette facheuse tendance à ne pas laisser respirer leu jeu. On pourrait dire ça de tous les musiciens en vérité. Disons que chez le percussionniste, c’est plus visible car son intrument est plus sonore. Et je crois aussi que par rapport à l’aspect démocratique des percussions, on a plus de chance que les percussions tombent entre les mains de personnes pas « musiciennes ». Donc, on joue, en mode autoroute, tête dans le guidon. On est pris par l’euphorie, et on n’entend plus qu’on est en train d’écraser le groove, d’écraser le relief, en frappant toujours, en jouant toujours. Et parfois, peuvent se combiner les effets de l’alcool et du bruit ambiant. Le percussionniste peut vite devenir une plaie ! Plus vite qu’un violoniste. N’oubliez pas ami.es percussionnistes que nos instruments sont… très sonores !
To play or not to play
Posez-vous la question de ce que vous pouvez apporter aussi en ne jouant pas. La percussion peut aller, venir, s’arrêter pour revenir, faire seulement des accents, ou des demis sections, et toute la gamme des variations et des combinaisons dont un bon percussioinniste doit être capable. Cette dynamique à elle seule peut donner toute sa puissance à un morceau, tout son relief. Et si vous jouez avec des musiciens de niveau moyen, qui n’ont pas forcément ce recul, et cette qualité d’écoute, alors, à vous seul.e, vous allez pouvour amener de la magie dans le morceau, en faisant ce que les autres ne parviennent pas à faire, en apportant du relief grâce à des moments de silence bien choisis, grâce à une variété de rythmes bien choisis, grâce à une qualité d’écoute tout simplement. Nous ne sommes pas payés au nombre de coups que nous frappons sur nos percussions !

Le plus beau compliment qu’on m’ait fait un jour : on ne t’a pas entendu !!

Et toi ? à quelle catégorie veux-tu appartenir ?
Percussionniste ou persécussionniste ?


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